Edène

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by Alice Zeniter

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Satire sur le monde littéraire, la violence de classe et l'amour, Édène est la nouvelle création d'Alice Zeniter, qu’elle mettra elle-même en scène au cours de la saison 2024-2025. Prolongeant des réflexions menées dans Je suis une fille sans histoire (L'Arche) et dans Toute une moitié du monde (Flammarion), autour de la littérature comme enjeu de domination culturelle et de validation sociale, Alice Zeniter propose ici une peinture forte et nuancée de mondes sociaux divergents, inspirée par le roman Martin Eden de Jack London. Édène, jeune femme d'un milieu populaire, tombe amoureuse de Rose, issue de la bourgeoisie culturelle. Dans cette satire sociale, qui rappelle les rapports de domination décrits par Bourdieu, se rencontrent « héritières » et précariat ouvrier de la blanchisserie d’un abattoir, où Édène travaille pour gagner sa vie. La nuit, elle écrit. Convaincue malgré la fatigue, le mépris des autres et l’absence d’argent, que c’est là sa vocation. Quelle légitimité sociale pourrait alors offrir la littérature? D'où vient cette conviction que l'on peut devenir écrivain·e alors même que son milieu social d'origine semble l'interdire? « La honte sociale est un fouet très efficace, même si personne ne sait qui le manie. » Devient-on alors transfuge de classe? EDENE : Ça veut dire quoi, être de gauche, si tu méprises les travailleuses ? ARIANE : Je ne méprise absolument pas les travailleuses. J'ai énormément de respect pour elles. EDENE : Vous avez une femme de ménage, ici ? ARIANE : Oui, on a – et on a beaucoup de respect pour ce qu'elle fait. Une femme admirable. EDENE : Vous la payez au SMIC ? Ou vous la payez genre comme toi, tu te paies ? ARIANE : Mais tu ne vas pas me lâcher, en fait ? Regarde-toi : une vraie petite gauchiste ! EDENE : Non. ARIANE : Je ne vais pas m'excuser de ma réussite. J'ai un bon salaire, c'est vrai, mais j'ai fait huit ans d'études et personne ne voudrait avoir mes journées de travail. Et je paie mes impôts dessus, je les paie avec plaisir. ROSE : On pourrait peut-être parler d'autre chose. EDENE : C'est toi la gauchiste, en fait. ARIANE : Pardon ? EDENE : Moi je paie pas d'impôts. Jamais payé d'impôts. Jamais eu assez d'argent. Et si j'arrive à devenir riche grâce à mes textes, ça me fera bien mal de payer des impôts sur ça. J'ai pas envie de redistribuer mes richesses à tout le monde, j'ai trop manqué. ROSE : C'est juste de la provoc. EDENE : Jamais voté non plus. Parce qu'il n'y a personne comme nous, nulle part, dans la politique institutionnelle et s'il y avait quelqu'un comme moi, je voterais sûrement pas pour elle parce que je ne nous aime pas non plus. Nos vies sont toutes petites et dedans, il n'y a rien de beau. Pourquoi tu me dis que votre femme de ménage est admirable ? Ça devrait me concerner ? C'est comme Rose qui me parle de cette fille qui s'est affamée dans sa chambre de bonne pour pouvoir passer un concours de la fonction publique. Pourquoi je devrais admirer ça ? C'est minable. Nos corps cassés, nos fringues pourries avec les coutures qui grattent, nos petites négociations avec le patronat pour qu'un salaire de merde reste un salaire de merde, nos sorties du vendredi à la vodkaramel, nos retraites de merde, nos apparts de merde, nos allocs de merde, et nos enfants de merde, aussi, nos enfants porteurs de tous les espoirs et qui finissent par faire les mêmes conneries que nous, y a rien à admirer là-dedans rien du tout ! ARIANE : Tu veux quoi, alors, exactement ? EDENE : Tout ce que vous avez, vous. Mais la vie, en plus.

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