Je me souviens. Je me souviens de quoi ? Ah oui, je me souviens que l’éditeur de ce présent ouvrage m’a demandé d’écrire un petit texte de présentation. Sachant que l’éditeur n’est autre que le jeune frère de l’auteur (onze ans de différence), l’auteur se souvient de pas mal de trucs, dont celui-ci : Quand l’éditeur avait cinq ans, j’en avais donc seize. Je me souviens que j’organisais des compétitions de pénos. Chacun à son tour dans les buts. Le premier qui arrive à dix. Mon truc, c’était de mener genre 7-0. Puis de le laisser me remonter, voire me dépasser. Donc à 8/7 pour lui, je repasse devant… 9/8… balle de match… Et finalement il gagne ! Il ne s’est jamais rendu compte de rien, et je n’ai jamais osé lui avouer la vérité. Je sais ce texte va être un choc. En même temps, on s’en fout un peu, puisque les “Je me souviens” parlent de cinéma. Par exemple, souvenirs de Delicatessen, l’histoire passionnante d’un boucher dont le lit grince. La Cité des enfants perdus, où l’on apprend qu’il est sain de laisser les enfants roter après avoir mangé du cervelas. Alien, resurrection, drame œdipien, Amélie Poulain, l’histoire d’un nain de jardin qui mange des framboises au bout de ses doigts, si je me souviens bien. Encore que. Bref, plus de 500 “Je me souviens” plus sérieux que ceux-ci. Encore que… Jean-Pierre Jeunet Avec 15 illustrations originales de Charlie Poppins TABLE DES MATIERES L’enfance Où l’on verra le jeune Jeunet se souvenir du cinéma Rex de Gueugnon, déclencher la Bauer D1M et faire le mur en sautant sur le toit de sa Peugeot 404… La découverte du cinéma Présentation au lecteur des souvenirs du lycée Henri Poincaré de Nancy, des Magasins Réunis et du stade Marcel-Picot. Les débuts difficiles Où l’on trouvera de nombreux détails concernant Charlie mensuel, les topinambours de la rue de Vaugirard et le restaurant Lustucru. Le Bunker de la dernière rafale Où il sera fait le récit d’un marchandage à l’envers, de la danse des canards et de punks qui vomissent. Les réclames Où le narrateur se souvient du gros Gégé, des conserves de légumes en boîte et d’un Turc qui se noie. Delicatessen Dans lequel on parle du Petit Poucet, de bulles géantes et de baise rythmique. La Cité des enfants perdus Où le lecteur retrouvera un saucisson dans la confiture, Petit Papa Noël et la villa du comte Volpi. Alien Resurrection Dans lequel il est question de feng shui, de 350 paires de lunettes et du cri effroyable des coyotes. Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain Où l’on verra un cul de jatte dans une caisse à savon, une Brésilienne tatouée et un œil au beurre noir. Un long dimanche de fiançailles Dans lequel l’aimable lecteur prendra connaissance de la virtigineuse piste Mickey, de la doublure fesses d’Audrey et des semi-remorques garés dvant la morgue. Life of Pi Détails pénibles mais courts au sujet de films religieux, d’un diable qui s’habille en Prada et d’une table pour cent convives. Micmacs à tire-larigot Où le narrateur se souvient des forges de Zeebruges, d’un vaccin contre la pisse de rat et de la loco qui prend feu. L’Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet Où l’on verra l’auteur conduire un train, se souvenir de chaussures à coques métalliques et jeter un œuf du haut de l’Empire State Building. Et pour finir Qui sera très court et pourra paraître de peu d’importance ici, mais que le narrateur conseille de lire néanmoins. Véritable autodidacte, Jean-Pierre Jeunet commence par réaliser des films d’animation, "L'Evasion", "Le Manège", avec des personnages sculptés par Marc Caro, puis "Pas de Repos pour Billy Brakko" d’après une BD du même Caro. Ces films de court-métrage commencent à faire parler de lui et à glaner de multiples récompenses en France et à l’étranger. Ensemble, toujours, ils réalisent "Le Bunker de La Dernière Rafale" court métrage de science fiction, film culte, qui passera en première partie de Eraserhead de David Lynch dans une salle parisienne durant six années. Leur premier long-métrage, "Délicatessen" (1991), une comédie grinçante et très drôle, fait souffler un vent inhabituel sur le cinéma français. Le succès commercial et les nombreux prix de "Délicatessen" permettent à Jeunet & Caro de mettre en chantier un projet ambitieux : "La Cité des Enfants perdus", une fable sombre, tellement innovante sur le plan technique qu’elle nécessite la création de nouveaux logiciels et une très longue préparation. Le film est superbe, infiniment poétique. Il est présenté en Ouverture du Festival de Cannes 1995. C’est ce film qui attire l’attention de la Fox qui décide de confier à Jean-Pierre Jeunet la réalisation du 4ème opus de la franchise "Alien". A l’issue de son séjour hollywoodien, Jean-Pierre Jeunet a la nostalgie des pavés de Montmartre et surtout, après la grosse machine d’Alien, il a envie de réaliser un "petit film personnel avec des copains". "Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain" est le plus grand succès en langue française dans le monde. Le triomphe du fil