« Connaissez-vous une ou des femmes qui vous ont confié, longtemps après avoir été victimes, leurs agressions ? » « Qu’en savez-vous ? » « Que vous ont-elles dit ? » « Qu’ont-elles réussi à dire ? » « Et de quoi se souviennent-elles ? » « Connaissez-vous Pippa Bacca, artiste italienne, violée et tuée lors de sa performance itinérante ? » La Mariée et bonne nuit Cendrillon ( A Noiva e o Boa Noite Cinderela ) pose ces questions. Pour la première partie de la trilogie Cadela Força (« La Force des chiennes »), l’artiste brésilienne Carolina Bianchi et son collectif Cara de Cavalo ont souhaité commencer par une conférence où les lecteurs sont ensevelis sous l’énumération des violences. La performeuse prête son prénom au personnage de la conférencière qui, avec la rigueur de la pensée qu’implique une telle prise de parole, nous plonge dans l’antichambre de l’enfer : un enfer qui nous poursuit même sous l’effet de la « drogue du violeur » (que Carolina prend à la fin de son exposé) et dans le sommeil ; un espace où le présent s’effondre avec le passé, sans prévenir. Comment passer de la fragmentation du temps entre la mémoire et le rêve, entre l’imagination et une réalité saisissable ? Ce livre reprend le texte du spectacle qui a fait l'événement lors du Festival d’Avignon 2023, une prise de parole nécessaire et sans détours sur les violences faites aux femmes. La pièce est une conférence-performance rendant hommage à l’artiste Pippa Bacca. « La vie se transforme en une lutte constante pour recoller des morceaux épars qui finissent toujours par être engloutis dans un trou noir, et dont il ne reste plus que les traces. Les traces de pneu sur mes bras, les traces du verre sur ma chatte, les traces de morsures sur mon cou, les traces d’un crochet à l’entrejambe, les traces des balles, comme des petits yeux entre mes doigts. Désormais, j’accorde une confiance aveugle à toutes les stratégies qui m’aident à me souvenir : Que s’est-il passé ? » La Mariée et Bonne nuit Cendrillon ( A Noiva e o Boa Noite Cinderela) , première partie de la Trilogie des chiennes , aborde l’indicible des violences faites aux femmes. Nous sommes alors aux portes de l’enfer avant d’y sombrer totalement. Un enfer qui nous poursuit même sous l’effet de la « drogue du violeur » et dans le sommeil. Un espace où le présent bascule dans le passé, sans prévenir. Comment surmonter la fragmentation du temps entre la mémoire et le rêve, entre l’imagination et la réalité ? Carolina Bianchi est metteuse en scène de théâtre, dramaturge et interprète brésilienne basée à Amsterdam. À la tête de l'organisation collective Cara de Cavalo (« Le Visage du cheval »), elle mêle les références littéraires, plastiques et cinématographiques pour se confronter au réel. Ses recherches habitent des espaces entre théâtre, performance et danse, traitant de questions liées au genre en crise, aux violences sexuelles et à l'histoire de l'art. Elle présente pour la première fois son travail au Festival d'Avignon 2023 avec A Noiva e o Boa Noite Cinderela (« La Mariée et bonne nuit Cendrillon »). Explorant depuis plusieurs années la question des violences faites aux femmes, c'est un sujet qui revenait déjà dans ses pièces plus anciennes, notamment Mata-me de Prazer (« Tue-moi avec plaisir ») en 2016, ou encore Lobo (« Loup ») en 2015. Thomas Resendes est traducteur, acteur et metteur en scène. En 2014, il cofonde le Collectif Satori avec Fabrice Henry, Clémentine Haro et François Copin. Leur première création, Les Ennemis publics est finaliste du Prix Théâtre 13 / Jeunes metteurs en scène. Puis, ils créent De nos frères blessés, adapté du roman éponyme de Joseph Andras et mis en scène par Fabrice Henry, lauréat du Prix Célest'1 en 2020. Depuis 2015, il traduit les pièces de Tiago Rodrigues, publiées aux Solitaires Intempestifs : Dans la mesure de l'impossible (2022) ; Chœur des amants (2021) ; Catarina et la beauté de tuer des fascistes (2020) ; Iphigénie, Agamemnon, Électre (2020) ; Souffle (Sopro) (suivi de) Sa façon de mourir (2018) ; Antoine et Cléopâtre (2016) ; Bovary (2015) ; By Heart (Apprendre par cœur) (2015)... Membre de la Maison Antoine Vitez, il travaille régulièrement pour le Teatro Nacional D. Maria II (Lisbonne) et le festival Chantiers d'Europe du Théâtre de la Ville.