Après quinze ans d'exil à Montréal à tenter d'écrire le grand roman haïtien, le narrateur, un écrivain gonaïvien en mal de sens (et de sommeil), chroniqueur par intermittence, fonctionnaire par nécessité, poète de l'entre-deux, mais passionné invétéré de lecture, retourne dans le quartier de son enfance, Raboteau, après un rêve tenace et répétitif où la mer est noire, les visages flous et les souvenirs insistants. Ce qu'il croit être un simple voyage devient une enquête étrange et obsessionnelle: entre souvenirs brisés, silences collectifs et documents oubliés. Au fil des pages, il rencontre une galerie de personnages absurdes, touchants ou carrément troublants: un pêcheur poète, un guide touristique qui transforme la mémoire en attraction, une prophétesse aux amulettes fluorescentes, un archiviste gardien de cassettes judiciaires poussiéreuses... Tous gravitent autour d'un noyau brûlant: la vérité impossible à dire. Dans un style à la fois intime et lucide, Le Rêve de la mer Noire explore les zones grises de la mémoire haïtienne - entre documents judiciaires, poésie orale et cauchemars trop réels. Le narrateur touche enfin à ce qui, peut-être, le rapproche de la vérité. Car la mer noire n'est pas un rêve - c'est une mémoire. Elle revient chaque nuit, pas pour nous hanter, mais pour nous rappeler que, tant qu'un peuple écoute sos morts, il reste vivant. Ce roman n'est pas une autobiographie. C'est une fiction- mais une fiction ancrée dans une histoire bien réelle, celle du massacre de Raboteau, en Haïti, le 22 avril 1994, et des fongues luttes judiciaires qui y ont suivi.