Comme le Baal Chem Tov, fondateur du hassidisme, un siècle avant lui, Rabbi Leiner cherche à penser comment l'âme humaine peut parvenir à se réconcilier avec sa source divine. C'est pour lui l'essentiel face à la violence qui prévaut en ce monde. Son livre, dont certains jugèrent les audaces hérétiques, est le premier livre hassidique publié sans les approbations traditionnelles. De quel ordre est la rivalité entre les deux fils de Jacob, Juda et Joseph ? Juda, porte une pure grâce à la « racine de sa vie » : il reçoit la révélation de toujours « regarder vers l'Éternel ». Joseph, atteste au contraire de la primauté absolue de la Loi (halakha). Comme Juda, R. Leiner propose une approche individualiste de la spiritualité. Selon lui, Dieu reste absent pour la plupart des humains, qui ne sont jamais directement éclairés par Lui ; mais il est présent aussi, car la Torah et les rites restent un guide sûr pour vivre en ce monde-ci sans avoir à faire des choix. Ne plus ressentir le besoin de la Loi ne dispense donc pas de la nécessité de lui rester fidèle. Le risque est de se faire des illusions sur l'illumination dont on jouit. L'assassinat de Rabbi Mordechai Joseph Eleazar de Radzyn, dernier descendant de Rabbi Leiner, boule-versa les juifs du Ghetto de Varsovie. R. Leiner n'a jamais soutenu que la malignité humaine est voulue par Dieu. Il enseigne qu'unir sa volonté propre à la Sienne et pressentir sa puissance au plus secret de soi constitue la voie d'une libération de ses illusions sur Lui, sur soi et sur le monde. C'est t(rès différent. ence. Rabbi Mordechai Joseph Leiner est né à Tomashov, dans la province de Lublin en Pologne, en 1801 dans une famille de tradition hassidique. Son père meurt alors qu'il n'a que deux ans. Peu de choses sont connues de son enfance. Il a été le disciple du renommé rabbin hassidique Simha Bunem auprès duquel il a été introduit par le Rabbi de Kotzk. Après la mort de Rabbi Bunem, le Rabbi de Kotzk lui succède et fonde sa propre école où Rabbi Leiner le suit. Rabbi Leiner rompt avec le Rabbi de Kotzk en 1839 peut-être à cause des tendances ascétiques extrêmes de ce dernier. R. Leiner fonde alors son propre mouvement d'abord à Tomaszow puis à Izbica Dès lors l'antagonisme entre les disciples du Rabbi de Kotzk et ceux de R. Leiner se creuse et lui-même ne reverra plus jamais son ancien maître. R. Leiner meurt à Ibizca en 1854. Sa pensée nous est connue par son livre Mei haChiloah (Les eaux de Siloé) qui propose des commentaires sur la Torah et sur le Talmud. Rassemblés par son petit-fils, ces textes ont été publiés en 1860. Les propos de R. Leiner s'inspirent beaucoup de la Cabbale dont ils donnent une interprétation davantage désireuse d'éclairer les profondeurs de la psyché humaine que d'élaborer une théosophie. Mais il se réfère également au Talmud et aux philosophes juifs, en particulier Maïmonide dont il préconise la voie moyenne. Professeur de philosophie à l'Université de Paris X-Nanterre, Catherine Chalier s'intéresse tout particulièrement aux liens entre la philosophie et la source hébraïque de la pensée. Sa démarche d'écriture et son approche de la spiritualité juive la rendent particulièrement proche de l'esprit et de la forme des Carnets spirituels. Catherine Chalier a publié les livres suivants : Figures du féminin, lecture d'Emmanuel Levinas ; Judaïsme et altérité ; Les Matriarches, Sarah, Rébecca, Rachel et Léa ; La persévérance du mal ; L'Alliance avec la nature ; L'Histoire promise ; Pensées de l'éternité, Spinoza, Rosenzweig ; Judaïsme et Christianisme. L'écoute en partage (avec M.Faessler) ; La trace de l'Infini, Emmanuel Levinas et la source hébraïque ; Spinoza lecteur de Maïmonide, la question théologico-politique (tous ces livres aux éditions du Cerf) ; Levinas, l'utopie de l'humain ; Sagesse des sens. Le regard et l'écoute dans la tradition hébraïque ; L'inspiration du philosophe. « L'amour de la sagesse » et sa source prophétique; Pour une morale au-delà du savoir, Kant et Levinas ; Traité des larmes, fragilité de Dieu, fragilité de l'âme ; Le Rabbi de Gur, La langue de vérité, traduction de l'hébreu, introduction suivie d'un essai, Penser avec les versets (tous ces livres chez Albin Michel) ; De l'intranquillité de l'âme (Payot-Rivages ) ; La fraternité, un espoir en clair obscur (Buchet Chastel) ; Sincérité du visage avec Didier Ben Loulou (éditions Filigranes).